Découvrez les arêtes de poisson à Lyon

Par Mathieu , le 1 janvier 2013 , mis à jour le 8 décembre 2025 , 24 commentaires — arêtes de poisson, cataphile, citadelle Saint-Sébastien, lyon souterrain, souterrain lyon, souterrains lyon, urbex, urbex lyon - 55 minutes de lecture
Comment a été construit le souterrain des Arêtes de Poisson

Imaginez un réseau souterrain de plus de 2 kilomètres, construit avec une précision millimétrique il y a près de 2000 ans, enfoui à 25 mètres sous la Croix-Rousse. Un labyrinthe architectural unique en Europe dont la fonction reste une énigme pour les archéologues. Les arêtes de poisson de Lyon représentent l’un des patrimoines souterrains les plus fascinants et méconnus de France.

Dans ce guide, je vous dévoile absolument toutes les découvertes scientifiques, les données techniques précises et les hypothèses des chercheurs sur ce réseau hors du commun. Fruit de l’analyse de tous les rapports archéologiques officiels du Service Archéologique de la Ville de Lyon (SAVL), des études sur les Sarrasinières et des travaux de recherche de 2008 à 2020, cet article constitue la ressource la plus complète jamais publiée sur les arêtes de poisson.

Chronologie complète des découvertes : de 1651 à 2020

La première mention historique (1651)

La toute première trace documentée des arêtes de poisson remonte précisément à 1651. Cette année-là, un fontainier travaillant pour la ville de Lyon creusait une galerie destinée à alimenter en eau les fontaines de l’Hôtel de Ville. Selon le rapport de fouille de la place Chazette réalisé par Cyrille Ducourthial en 2012, cette découverte fortuite donna lieu à une simple mention dans les archives municipales : « galerie d’alimentation des fontaines de l’Hôtel de Ville » qui fournit le meilleur terminus ad quem pour dater les arêtes de poisson.

Cette galerie du XVIIe siècle recoupait manifestement une partie du réseau antique sans que les contemporains ne mesurent l’ampleur de ce qu’ils venaient de découvrir. Le fontainier nota simplement avoir traversé « d’anciennes maçonneries » avant de poursuivre son ouvrage. Les galeries furent alors référencées dans les archives municipales avant de sombrer dans l’oubli pendant près de trois siècles.

La catastrophe de Fourvière : le déclic (1930)

Le 13 novembre 1930 marque un tournant tragique dans l’histoire du patrimoine souterrain lyonnais. Ce jour-là, un pan entier de la colline de Fourvière s’effondre brusquement au niveau du chemin neuf. Les eaux de ruissellement, accumulées dans des galeries oubliées, provoquent un glissement de terrain catastrophique qui fait 39 victimes.

« Depuis la catastrophe, pour éviter qu’un nouveau drame ne se reproduise, l’entretien de toutes ces galeries se fait de manière systématique par la communauté urbaine de Lyon – Grand Lyon »

Estelle Forbach, Le mystère des souterrains de Lyon

Au lendemain de ce drame, la Commission des Balmes est créée avec pour mission de cartographier systématiquement tous les vides souterrains présents sous les collines lyonnaises. C’est dans ce contexte que débute la redécouverte progressive des arêtes de poisson.

La découverte de la galerie Morin (1932)

En 1932, lors de travaux de sondage préventif sur la colline de la Croix-Rousse, les services municipaux mettent au jour ce qui sera appelé la « galerie Morin » ; un premier tronçon d’un réseau bien plus vaste. Selon les archives municipales, cette galerie présentait des caractéristiques architecturales inhabituelles :

  • Orientation est-ouest perpendiculaire au versant
  • Maçonnerie de moellons de calcaire inconnu à Lyon
  • Gabarit imposant : environ 1,90 m de large pour 2,50 m de haut
  • Absence totale de mortier de tuileau (enduit rouge étanche caractéristique des aqueducs romains)

Ces particularités intriguèrent les ingénieurs municipaux, mais la galerie fut simplement documentée avant d’être en partie détruite pour les besoins des travaux en cours.

Les fontis de 1959 : l’exploration systématique commence

C’est entre 1959 et 1968 que le réseau va être véritablement redécouvert et exploré de manière systématique. Tout commence par des affaissements répétés, des fontis, à l’intersection des rues Grognard et des Fantasques, que des remblaiements successifs ne parviennent pas à juguler.

Le rapport officiel du Service Archéologique décrit précisément le déroulement de cette découverte :

« Assez rapidement fut dégagée l’ouverture d’un puits carré de 1,90 m de côté, entièrement maçonné, écrit Amable Audin, l’archéologue municipal. C’est par ce point d’accès que débutent le déblaiement, la reconnaissance et le confortement du réseau des arêtes de poisson, qui devaient durer près de 10 ans »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

La macabre découverte du 14 Mai 1959

Le 14 mai 1959 marque une découverte troublante. L’ingénieur principal en charge des travaux, dans son rapport Vae/L8747 daté de décembre 1959, signale une trouvaille glaçante :

« Découverte de 4 à 5 m³ d’ossements humains apparemment très anciens, entassés dans une galerie, à 24 m sous la surface »

Rapport Vae/L8747, décembre 1959

plan galerie des fantasques

galerie ossements humains

Malheureusement, aucune étude anthropologique ne fut réalisée et ces ossements ont disparu sans laisser de trace. Leur présence reste aujourd’hui l’un des nombreux mystères entourant les arêtes de poisson. Djamila Fellague, dans son article de 2017 pour la revue Archologia, déplore d’ailleurs :

« Il est dommage de ne disposer d’aucune information sur les 4-5 m³ d’ossements humains trouvés en 1959 dans une des galeries, en position secondaire »

Djamila Fellague, Archologia n°556, juillet-août 2017

Extension progressive des explorations (1961-1968)

En 1961, un autre fontis dans une cave d’un immeuble de la rue des Fantasques conduit à la découverte d’une salle souterraine et offre un nouveau point d’accès. L’extraction des déblais permet alors la jonction avec :

  • Un tronçon connu depuis 1932
  • Le puits situé au sommet du réseau, rue Magneval

En 1965, la jonction est finalement faite avec la partie inférieure du réseau découverte en 1959.

Les explorations, qui s’intensifient à partir de 1963, révèlent progressivement :

  • De nouvelles salles souterraines montée Saint-Sébastien (1964)
  • Une salle rue Grognard (1965)
  • Des portions d’antennes avec vides et éboulements sous l’église Saint-Bernard (1968)

L’exploration semble s’interrompre à cette époque. Le réseau présente alors l’extension qu’on lui connaît aujourd’hui : plus de 2 kilomètres de galeries répartis sur plusieurs niveaux.

L’interdiction d’accès et les années cataphiles (1989-2003)

En 1989, face aux risques d’effondrements et aux dégradations constatées, la Ville de Lyon vote un arrêté municipal interdisant formellement l’accès des galeries au public.

Cette interdiction n’empêche pas le réseau de connaître une fréquentation importante de la part des cataphiles lyonnais – ces passionnés d’exploration souterraine. En novembre 2003, le magazine Lyon Capitale réalise même un reportage photographique exclusif dans les souterrains, accompagné de deux cataphiles expérimentés surnommés « Le Rat » et « La Taupe ».

« La descente dans les sous-sols se fait par une simple plaque d’égout, située rue Bodin. L’une des rares entrées encore accessibles et souvent empruntées par les cataphiles. Le soir, forcément, pour éviter d’être pris en flag »

Lyon Capitale n°6, novembre 2003

Le diagnostic archéologique majeur de 2008

L’année 2008 marque un tournant scientifique décisif. Le projet de doublement du tunnel de la Croix-Rousse, entrepris par la Communauté Urbaine de Lyon, offre l’occasion d’une étude archéologique approfondie sans précédent.

Le Service Régional de l’Archéologie (SRA) prescrit alors un diagnostic archéologique complet mené par le Service Archéologique de la Ville de Lyon (SAVL). L’équipe, dirigée par Emmanuel Bernot, Philippe Dessaint, Cyrille Ducourthial et Stéphane Gaillot, va travailler pendant six semaines intensives sur le terrain.

Méthodologie scientifique déployée

Le rapport officiel, publié sous la référence Patriarche 9856, détaille précisément la méthodologie employée :

Phase terrain (6 semaines) :

  • Visite exhaustive de l’intégralité des galeries accessibles
  • Relevés topographiques au tachéomètre avec géoréférencement GPS
  • Sondages archéologiques aux murs et aux sols
  • Prélèvements pour datations (charbons, bois, mortiers)
  • Documentation photographique systématique
  • Étude des graffitis et marques de construction

Phase d’étude post-fouille :

  • Analyse des matériaux de construction
  • Études comparatives avec les aqueducs romains lyonnais
  • Datations au carbone 14 par deux laboratoires indépendants
  • Modélisation 3D complète du réseau par Philippe Dessaint
  • Synthèse architecturale et hypothèses fonctionnelles

Cette étude de 2008 reste aujourd’hui la référence scientifique absolue sur les arêtes de poisson.

Les études complémentaires sur les Sarrasinières (2018-2020)

Entre 2018 et 2020, trois nouvelles études archéologiques viennent enrichir considérablement nos connaissances sur le réseau souterrain lyonnais en explorant les galeries des Sarrasinières, potentiellement reliées aux arêtes de poisson.

2018 – Rillieux-la-Pape : Stéphane Gaillot dirige un sondage archéologique sur une section de 41,50 mètres de galerie souterraine appartenant au réseau des Sarrasinières. Le rapport (code Patriarche 2212698) conclut :

« La section étudiée, longue de ±41,50 m, haute de ±2 m, large de ±1,80 m, est située sur la commune de Rillieux-la-Pape, en contrebas de la costière, le long de l’ancien cours du Rhône »

Stéphane Gaillot, Rapport de sondage Les Sarrasinières 2018, SAVL

2019 – Neyron : Tony Silvino et son équipe d’Éveha réalisent une prospection géophysique et des sondages sur les vestiges des Sarrasinières à Neyron (Ain). Cette étude révèle :

  • Une salle voûtée souterraine (Portion 1) à l’altitude de 170,75 m NGF
  • Une galerie avec un puissant mur perpendiculaire (Portion 2) à 171,10-170,80 m NGF
  • Un pendage régulier depuis Neyron jusqu’à Rillieux-la-Pape

2020 – Datations C14 : Des datations au carbone 14 sont effectuées sur les vestiges de Neyron, confirmant leur antiquité et leur possible connexion au réseau lyonnais.

Architecture technique exhaustive : plans, dimensions et construction

Le réseau principal en Arêtes de Poisson : anatomie complète

Le réseau tire son nom de sa forme caractéristique qui évoque parfaitement l’arête centrale d’un poisson avec ses ramifications latérales. Cette architecture unique en Europe se développe d’est en ouest, du Rhône jusqu’à la rue Magneval sur le plateau de la Croix-Rousse.

La colonne vertébrale : galerie principale

Caractéristiques dimensionnelles précises (mesures issues du rapport Bernot et al. 2008) :

Paramètre Mesure Précise Observations
Longueur totale 156 mètres Mesurée par topographie au tachéomètre
Largeur moyenne 1,90 m Constante sur toute la longueur
Hauteur sous voûte 2,50 à 3,00 m Variable selon les sections
Nombre de coudes 3 coudes successifs Contrainte géologique probable
Profondeur rue des Fantasques 25 m sous la surface Altitude NGF du sol : ~169 m
Profondeur rue Magneval 21 m sous la surface Altitude NGF du sol : ~170 m
Profondeur sous la rive du Rhône 8 m Avant surélévation du fleuve en 1960

Les trois coudes successifs de la colonne vertébrale ne sont pas arbitraires. Comme l’explique le rapport de 2008 :

« En 2011, lors du percement du second tunnel de la Croix-Rousse, le socle rocheux a été observé sous le coude le plus occidental. La déviation de la partie basse du réseau pourrait donc être due à l’affleurement du granite que les bâtisseurs auraient renoncé à creuser en raison de sa résistance mécanique »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

Cette observation suggère que les galeries ont été creusées d’ouest en est, c’est-à-dire du haut vers le bas.

Les arêtes perpendiculaires : 32 galeries latérales

De part et d’autre de la colonne vertébrale se déploient trente-deux galeries perpendiculaires, organisées par seize paires symétriques.

Caractéristiques architecturales des arêtes :

Élément Dimension/Description Source
Nombre total d’arêtes 32 galeries (16 paires) Bernot et al. 2008
Longueur de chaque arête ~30 mètres Mesures topographiques
Largeur 1,90 m Constante
Hauteur Variable 2,00 à 2,80 m Selon sections
Terminaison Cul-de-sac systématique Aucune communication externe
Connexion à la colonne Par puits carré de 1,90 m de côté 16 puits au total
Orientation Perpendiculaire à la colonne ± 90°

Emmanuel Bernot souligne dans son rapport l’homogénéité remarquable de construction :

« Toutes les galeries constituant le réseau des arêtes sont maçonnées et présentent une homogénéité de construction absolue, tant dans leurs gabarits (environ 1,9 m de large) que dans les matériaux mis en œuvre ; seules les hauteurs peuvent varier »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

Le système de puits : double fonction verticale

L’une des caractéristiques les plus remarquables du réseau réside dans son système de puits à double fonction. Chaque arête est reliée à la colonne vertébrale par un puits carré, mais ces puits ne s’arrêtent pas là.

Configuration des 16 puits :

Fonction Description Technique Hauteur Cumulée
Puits ascendants Remontent à la surface depuis la colonne supérieure Variable 21-25 m
Puits descendants Descendent vers la colonne vertébrale inférieure ~9 m
Section Carrée : 1,90 m × 1,90 m Constante
Maçonnerie Moellons de calcaire à entroques Identique aux galeries
Longueur cumulée Environ 480 mètres 16 puits

Le rapport Dessaint et Bernot de 2009 précise :

« À l’origine, ces seize puits remontaient à la surface ET descendaient vers une seconde colonne vertébrale, construite exactement à l’aplomb de la première, dont elle reprend le plan sans toutefois desservir d’arête »

Philippe Dessaint & Emmanuel Bernot, Virtual Retrospect 2009

La colonne vertébrale inférieure : le Mystère du double niveau

C’est sans doute l’élément architectural le plus énigmatique du réseau. Une seconde colonne vertébrale a été construite exactement 9 mètres en contrebas de la première, reproduisant son plan avec une précision millimétrique.

Caractéristiques de la colonne inférieure :

  • Longueur : 156 mètres (identique à la supérieure)
  • Largeur : 1,90 m (identique)
  • Hauteur : 2,50 à 3,00 m (identique)
  • Distance verticale : 9 mètres sous la colonne supérieure
  • Particularité : NE dessert aucune arête latérale

Cette particularité architecturale interroge tous les chercheurs. Comme le souligne Philippe Dessaint dans son étude 3D de 2009 :

« Ces deux colonnes vertébrales superposées s’étendent du puits le plus occidental, situé à l’aplomb de la rue Magneval, au puits le plus oriental, bâti au pied de la balme. Les deux colonnes vertébrales, distantes de 9 m l’une de l’autre, sont constituées d’une succession de paliers horizontaux qui maintiennent le réseau à une profondeur à peu près constante par rapport à la surface »

Philippe Dessaint, Virtual Retrospect 2009

L’extension septentrionale : les antennes et les salles voûtées

Au nord du réseau en arêtes de poisson s’étend une architecture complémentaire d’une complexité équivalente : les antennes et leurs salles voûtées.

La galerie de liaison : prouesse technique

Les antennes sont connectées aux arêtes de poisson par une galerie de liaison de 123 mètres de long qui se raccorde à l’un des puits de l’antenne sud.

Cette galerie présente une particularité technique exceptionnelle soulignée par Emmanuel Bernot :

« Seule la galerie de liaison, qui relie les antennes au réseau des arêtes, paraît avoir été dépourvue de puits, ce qui constitue en soi une prouesse technique. Ses extrémités sont parfaitement alignées sur les galeries ou salles subjacentes, ce qui laisserait supposer que les bâtisseurs aient percé cette galerie en dernier lieu »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

Question archéologique : Comment les constructeurs ont-ils pu aligner avec une telle précision une galerie de 123 mètres creusée souterrainement, sans repère topographique de surface ? Cette question reste sans réponse définitive.

Les trois antennes parallèles

L’extension septentrionale comprend trois galeries linéaires parallèles orientées est-sud-est / ouest-nord-ouest :

Antenne Nord :

  • Longueur restituée : Au moins 215 mètres
  • Extension : S’étend au-delà de l’église Saint-Bernard
  • Puits restitués : 11 puits verticaux
  • Profondeur : 7,5 à 17 mètres sous la surface

Antenne Sud (méridionale) :

  • Longueur conservée : 296 mètres
  • Extrémité occidentale : Sous la rue Vaucanson
  • Puits restitués : 23 puits verticaux (10 attestés)
  • Architecture : Tronçons horizontaux en escalier

Troisième galerie :

  • Longueur : 12,8 mètres
  • Position : Parallèle aux deux antennes principales
  • Distance inter-galeries : 12 à 13 mètres

Le rapport de 2008 précise :

« Ces trois galeries parallèles, orientées d’est en ouest, sont distantes les unes des autres de 12 m à 13 m et ont été percées à des altitudes différentes. Elles présentent toutes les trois un pendage d’est en ouest, conforme au relief de la colline, avec un dénivelé important sous le versant qui s’adoucit nettement sous le plateau de la Croix-Rousse »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

Les neuf salles voûtées : architecture de stockage

Au-dessus des antennes, neuf salles voûtées ont été construites à intervalles variables. Deux d’entre elles sont presque intégralement conservées, permettant d’établir un plan-type.

Plan-type des salles (d’après observations terrain 2008) :

Caractéristique Dimension/Description
Largeur 3,75 mètres
Développement nord-sud Jusqu’à l’aplomb de l’antenne méridionale (12 m)
Système de voûtes 2 voûtes en berceau de hauteurs différentes
Accès depuis antenne nord Ouverture dans la voûte
Accès depuis antenne sud Par puits (9 m de dénivelé)
Trémie supérieure Rectangulaire, percée dans le berceau
Puits de ventilation Carré, bâti sur l’extrados, remontant en surface

Philippe Dessaint, dans sa modélisation 3D, explique :

« Chaque salle, de 3,75 m de large, est surmontée de deux voûtes en berceau de hauteurs différentes. On y accède par l’intermédiaire d’une ouverture aménagée dans la voûte de l’antenne nord, située en contrebas. De ce côté, une seconde trémie rectangulaire est également percée dans le berceau de chaque salle »

Philippe Dessaint, Virtual Retrospect 2009

Volumétrie totale : un chantier titanesque

Les données compilées de tous les rapports permettent d’établir une volumétrie exhaustive du réseau :

Réseau en arêtes de poisson :

  • Galeries en arêtes : ~960 mètres linéaires
  • Colonnes vertébrales (2 niveaux) : 312 mètres linéaires
  • Galeries sous la rive du Rhône : ~144 mètres linéaires
  • Total galeries arêtes : 1 416 mètres

Les 16 puits :

  • Longueur cumulée : ~480 mètres linéaires
  • Section moyenne : 1,90 m × 1,90 m = 3,61 m²
  • Volume excavé (puits seuls) : ~1 733 m³

Extension nord :

  • Antenne nord : 215 mètres
  • Antenne sud : 296 mètres
  • Galerie de liaison : 123 mètres
  • Troisième galerie : 12,8 mètres
  • Total antennes : 646,8 mètres

TOTAL GÉNÉRAL DU RÉSEAU :

  • Linéaire de galeries : 2 062,8 mètres (+ 480 m de puits)
  • Volume de sédiments excavés : Plus de 11 500 m³ (estimation minimale pour les arêtes seules)

Emmanuel Bernot conclut dans son rapport :

« En considérant que les maçonneries des galeries et des puits ont une épaisseur moyenne d’au moins 50 cm, on peut estimer à plus de 11 500 m³ le volume de sédiment extrait de la seule partie du réseau dite en arêtes de poisson »

Emmanuel Bernot, Rapport de diagnostic archéologique 2008, SAVL

Techniques et matériaux de construction : analyse pétrographique complète

Les maçonneries utilisent majoritairement un calcaire beige à grosses entroques, importé par voie fluviale depuis des carrières situées en vallée de Saône, associé à des grès locaux en appoint. Les voûtes sont construites par tronçons courts sur cintres rapprochés, avec coffrages longitudinaux, retombées beurrées et clefs coffrées séparément. L’épaisseur varie de 25 à 75 cm, jusqu’à 1 m aux cul-de-sac. Les radiers sont en hérisson drainant (galets, blocs calcaires, briques) coiffé d’une chape de mortier, pour limiter l’humidité et stabiliser les piédroits.

  • Voûtement par sections de 1,8 à 3,2 m et cintres tous ~80 cm.
  • Puits carrés 1,90 × 1,90 m reliant surface et colonne inférieure.
  • Radier drainant 10 à 70 cm d’épaisseur sous chape au mortier.

Le calcaire à Entroques : pierre venue de 80 km

L’analyse pétrographique des matériaux constitue l’un des apports majeurs du diagnostic de 2008. Emmanuel Bernot et son équipe ont identifié avec précision la provenance des pierres utilisées.

Composition des maçonneries

Matériau principal : Calcaire beigeâtre à grosses entroques et rares lits silicifiés (calcaire de l’Aalénien).

Comme le précise le rapport officiel :

« À l’exception de quelques grès fins provenant du substrat local, les maçonneries sont composées d’un calcaire beigeâtre à grosses entroques et rares lits silicifiés. Cette pierre, qui n’est pas connue à Lyon, a été recherchée dans les massifs calcaires environnants : Mont d’Or, sud Beaujolais, Mconnais, Isle Crémieu ».

Provenance précise : La Salle (Saône-et-Loire)

L’étude pétrographique comparative a permis d’identifier l’origine exacte de la pierre :

Paramètre Information
Provenance Environs du village de La Salle, vallée de Saône
Distance Environ 80 kilomètres au nord de Lyon
Type de carrières Carrières en activité + carrières abandonnées
Transport Par voie fluviale (Saône puis Rhône)
Preuve d’activité antique Abondant mobilier antique trouvé sur place

Le rapport Bernot souligne l’importance de cette découverte :

« Des carrières en activité et d’autres abandonnées sont visibles à proximité de la Saône, ce qui permet d’envisager un transport par voie fluviale. Un abondant mobilier antique atteste par ailleurs de la fréquentation du lieu à cette période ».

Question : Pourquoi avoir fait venir de la pierre depuis 80 km alors que Lyon dispose de nombreuses carrières locales ? Le choix de ce calcaire spécifique pose question. Était-ce pour ses propriétés mécaniques particulières ? Pour des raisons symboliques ? Le mystère demeure.

Système de voûtement : techniques de cintrage

L’analyse détaillée des voûtes révèle un système de construction par tronçons extrêmement méthodique.

Méthode de voûtement par sections

Principe de construction (d’après Bernot et al. 2008) :

Étape Description Technique Mesures
1. Positionnement des cintres Cintres en bois disposés tous les 80 cm Espacement régulier
2. Longueur des tronçons Voûtement par sections de 1,8 à 3,2 m Variable selon contraintes
3. Coffrage longitudinal Grandes planches aussi longues que la section Sous les retombées
4. Coffrage de la clef Modules de planches plus petits Pour la partie centrale
5. Épaisseur des voûtes 25 à 75 cm (jusqu’à 1 m exceptionnellement) Selon qualité du terrain

Le rapport précise :

« Le voûtement des galeries s’est fait par tronçon de 1,8 à 3,2 m de long, en s’appuyant sur des cintres en bois disposés en moyenne tous les 80 cm. Les coffrages qu’ils supportaient étaient composés de grandes planches, généralement aussi longues que la portion de voûte à bâtir, disposées dans le sens de la longueur sous les retombées de la voûte ».

Coffrages perdus aux extrémités

Aux extrémités des arêtes (culs-de-sac), une technique différente était employée :

« À l’extrémité des arêtes, les voûtes étaient confectionnes sur un coffrage perdu sous lequel le mur de fond était bâti. À cet endroit, l’épaisseur des voûtes varie de 25 à 75 cm, mais elle peut exceptionnellement atteindre 1 m lorsque les sables ont été excavés de manière trop conséquente ».

Le radier :ingénierie anti-humidité

Le sol des galeries fait l’objet d’un aménagement technique sophistiqué visant à éviter les problèmes d’humidité remontante.

Composition du radier en hérisson

Structure en trois couches :

  1. Couche de base (10 à 70 cm d’épaisseur) : Hérisson composé de matériaux variés

    • Calcaires divers

    • Galets roulés

    • Granite

    • Gneiss

    • Fragments de briques et de tuiles

  2. Chape de finition : Mortier de bonne tenue

  3. Fonction : Double

    • Empêcher la formation de poches d’eau à la base des murs

    • Stabiliser les parois des galeries

Le rapport Bernot explique :

« Le radier empêche la formation de poches d’eau à la base des murs et garantit ainsi leur bonne conservation dans le temps. La chape et le hérisson permettent de stabiliser les parois des galeries qui ne sont généralement pas fondées plus profondément que la base des radiers ».

Les graffitis et inscriptions : messages du passé

Les finitions montrent un lissage soigné, des joints soulignés et de nombreuses traces digitales laissées dans le mortier frais. On observe des séries de doigts en lignes ou en grappes, quelques signes cruciformes, et de rares empreintes de mains de petite taille, suggérant la participation d’aides très jeunes. Des chiffres en numération romaine et des traits de comptage servent probablement de repères de chantier.

  • Traces digitales et empreintes de mains dans mortier frais.
  • Numérotations et décomptes incisés avant prise.
  • Encroutements carbonatés (bas de piédroits) et micro-stalactites.

Les empreintes révélatrices

Les archéologues ont observé sur l’ensemble du réseau :

  • Plusieurs empreintes de mains de petite taille (porte apotropaïque ?)

  • Très nombreuses traces de doigts laissées dans le mortier frais

  • Dessins faits au doigt dans le mortier de finition

  • Soulignement systématique des joints à la pointe de la truelle

Emmanuel Bernot note dans son rapport :

« Les finitions apportées aux galeries ainsi qu’aux puits sont similaires d’un bout à l’autre du réseau. Ce travail semble avoir été en partie réalisé par des enfants, comme en témoignent plusieurs empreintes de mains de petite taille et de très nombreuses traces de doigts, formant parfois des dessins, laissées dans le mortier frais ».

Questions anthropologiques : S’agissait-il d’enfants d’ouvriers accompagnant leurs parents sur le chantier ? De jeunes apprentis ? Cette participation d’enfants à un chantier de cette ampleur reste énigmatique.

Les empreintes digitales : catalogue exhaustif

L’observation minutieuse des parois du réseau a révélé un nombre considérable de marques laissées dans le mortier frais.

Typologie des empreintes (inventaire Bernot 2008) :

Type de marque Description Localisation Quantité
Séries digitales en lignes Empreintes alignées régulièrement Joints beurrés Très nombreuses
Séries en ronds Disposition circulaire Piédroits Fréquentes
Séries en bandes Bandes horizontales Retombées de voûtes Courantes
Formes de grappes de raisin Disposition en grappe Diverses Occasionnelles
Formes de croix Motif cruciforme Clefs de voûte Rares
Marques d’outils Traces de truelles, pics Partout Systématiques
Marques de bâtonnets Traces de bois fin Joints Courantes
Deux empreintes de main Mains complètes, petite taille Zone précise 2 attestées

Les graffitis lisibles : « Bituius Urasari Filius »

Djamila Fellague, Maître de conférences en archéologie à l’Université de Grenoble, a réalisé en 2017 un déchiffrement majeur d’une inscription jusqu’alors considérée comme illisible.

La découverte de Djamila Fellague (2017)

Dans son article publié dans la revue Archologia n°556 (juillet-août 2017), Djamila Fellague écrit :

« On a écrit que les graffitis les plus aboutis se composent de suites de lettres sans signification particulière (rapport de 2008, p. 144 ; Bernot et al. 2013, p. 50). En réalité, sur une photographie publiée dans Archologia, nous lisons ‘Bituius Urasari filius’ (‘Bituius fils d’Urasarus’) ».

Analyse de l’inscription :

Élément Détail
Texte BITUIUS URASARI FILIUS
Traduction Bituius fils d’Urasarus
Langue Latin avec onomastique gauloise
Noms Connus sous des variantes dans l’épigraphie gauloise
Style du F Similaire à un graffiti antique des mausoles de Trion (Lyon 5e)
Support Incisé dans le mortier frais
Signification Signature d’ouvrier ? Marque de propriété ?

Djamila Fellague ajoute :

« Ces noms gaulois sont connus, sous des variantes. L’aspect du F est similaire à celui d’un graffiti antique d’un des mausoles de Trion (Lyon 5e) sur lesquels nous avions travaillé en 2000 ».

Cette découverte constitue un argument de poids en faveur d’une datation antique du réseau.

Les nombres en chiffres romains

Le rapport de 2008 mentionne également la présence de décomptes et de nombres en chiffres romains incisés dans le mortier avant qu’il ne soit sec.

Ces marques pourraient correspondre à :

  • Des décomptes de tronçons construits

  • Des numérotations d’équipes d’ouvriers

  • Des repères topographiques

  • Des marquages de distance

Malheureusement, aucune analyse systématique de ces nombres n’a encore été publiée.

La révolution des datations au Carbone 14

Des prélèvements (charbons/bois pris dans les mortiers) ont été analysés par deux laboratoires indépendants. Trois résultats convergent vers le changement d’ère (période augustéenne) et un vers le IIIe–IVe s. av. J.-C., indiquant une mise en œuvre antique. Des tentatives de datation sur les Sarrasinières ont confirmé l’antiquité des ouvrages sans permettre une chronologie absolue homogène sur chaque tronçon.

  • Prélèvements multi-points, validation croisée inter-labos.
  • Plage chronologique centrée autour du changement d’ère.
  • Confirmations ponctuelles sur les Sarrasinières (Rillieux, Neyron).

L’hypothèse initiale : XVIe Siècle

Jusqu’en 2008, l’ensemble de la communauté scientifique et des historiens lyonnais datait les arêtes de poisson du XVIe siècle, en lien avec la construction de la citadelle Saint-Sébastien.

Arguments de la datation moderne

Le rapport de 2008 du SAVL résume les arguments qui semblaient alors décisifs :

  1. L’orientation parallèle : Le réseau offre un parallélisme avec la citadelle Saint-Sébastien, construite en 1564 sur ordre de Charles IX

  2. La nature des moellons : Les techniques de maçonnerie employées ne correspondaient pas au standard antique local

  3. L’absence de mortier de tuileau : Les galeries ne présentent pas l’enduit rouge caractéristique des ouvrages hydrauliques romains

  4. La maçonnerie atypique : Très différente du standard antique local, elle plaidait plutôt pour une construction moderne

Emmanuel Bernot conclut dans le rapport initial :

« Dans l’état actuel de la recherche, tous les éléments concordent pour faire de ce réseau un accessoire de la citadelle royale de Lyon (citadelle Saint-Sébastien), construite en 1564 sur la plateau de la Croix-Rousse, sur l’ordre de Charles IX et démantelée à la demande et aux frais de la ville en 1585 ».

Le bouleversement des analyses C14

Les datations au carbone 14 réalisées par deux laboratoires indépendants sur des charbons et fragments de bois prélevés dans le mortier de la structure allaient bouleverser toutes les certitudes.

Protocole de prélèvement

Méthode rigoureuse (Bernot et al. 2008) :

Aspect Description
Nombre d’échantillons 4 prélèvements
Nature des échantillons Charbons de bois + fragments de bois
Localisation Plusieurs points du réseau (diversification)
Support Pris dans le mortier de la structure
Laboratoires Deux laboratoires distincts (validation croisée)

Résultats révolutionnaires

Les datations obtenues :

Échantillon Résultat C14 Interprétation
Échantillon 1 Changement d’ère (±0) Époque augustéenne
Échantillon 2 Changement d’ère (±0) Époque augustéenne
Échantillon 3 Changement d’ère (±0) Époque augustéenne
Échantillon 4 IIIe-IVe siècle av. J.-C. Époque gauloise

Le rapport de 2008 conclut sobrement :

« II faut nous rendre à l’évidence : nous sommes bel et bien en présence d’un édifice antique ».

Cette révélation, publiée dans le magazine Archologia n°506 de janvier 2013, fait l’effet d’une bombe dans le milieu archéologique et cataphile lyonnais.

Les datations C14 des Sarrasinières : confirmation

Entre 2018 et 2020, les études sur les Sarrasinières viennent apporter des éléments complémentaires de datation.

2018 – Rillieux-la-Pape : Stéphane Gaillot fait réaliser une analyse C14 sur un charbon prélevé dans le mortier de la galerie. Le rapport précise :

« L’analyse radiocarbone d’un charbon de bois pris dans le mortier a été faite mais elle n’a pas permis de dater l’ouvrage ».

2019 – Neyron : Tony Silvino et son équipe prélèvent également des échantillons pour datation. Les résultats confirment l’antiquité des ouvrages de Neyron et leur connexion probable au réseau lyonnais.

Controverses et débats scientifiques

Cette datation antique ne fait cependant pas l’unanimité et soulève de nombreuses questions.

Arguments contre la datation Antique

Plusieurs éléments posent problème :

  1. La connexion supposée avec les Sarrasinières jusqu’à Miribel (25 km) : « Qu’est-ce que les Romains seraient allé faire là-bas ? »

  2. Le type de mur : « ne correspond pas à la technique romaine habituelle, même pas à celle des aqueducs souterrains »

  3. L’absence de parallèles connus : Aucun ouvrage comparable n’est attesté dans le monde romain

  4. Le silence des sources : Aucun texte antique ne mentionne ces travaux titanesques

Comme le souligne un commentateur avisé sur le site souterrain-lyon.com :

« Si la datation au C14 doit effectivement être prise en compte, elle ne clôt pas pour autant le débat. Le mystère demeure ».

Comparaison technique détaillée avec les ouvrages romains lyonnais

Contrairement aux aqueducs lyonnais (Gier, Yzeron, Brévenne, Mont d’Or), les arêtes ne présentent ni béton hydraulique ni revêtement de tuileau et adoptent des gabarits supérieurs avec paliers horizontaux. Les Sarrasinières montrent des similitudes dimensionnelles et de maçonnerie, parfois en double voie ventilée par soupiraux, mais avec des fonctions encore discutées.

Les quatre aqueducs de Lugdunum : un standard absent

Pour bien comprendre le mystère des arêtes de poisson, il est essentiel de les comparer aux quatre aqueducs romains qui alimentaient Lyon :

Aqueduc Longueur Caractéristiques Parties Souterraines
Mont d’Or ~26 km Sections à ciel ouvert + tunnels Enduit de tuileau
Yzeron ~43 km Majorité à ciel ouvert Enduit de tuileau
Brévenne ~66 km Nombreuses sections en tunnel Enduit de tuileau rouge
Gier ~86 km Sections souterraines importantes Enduit de tuileau
Le standard romain des aqueducs souterrains (d’après Estelle Forbach) :
  • Gabarit : Environ 1,60 m de haut pour 0,80 m de large

  • Enduit étanche : Enduit de tuileau (mélange de chaux et de brique concassée) de couleur rouge caractéristique

  • Maçonnerie : Moellons de calcaire local

  • Mortier : À la chaux hydraulique

  • Fonction : Transport d’eau clairement identifiable

Ce que les Arêtes de Poisson N’ONT PAS

Comparaison systématique :

Élément Aqueducs Romains Arêtes de Poisson
Enduit de tuileau ✓ Systématique (rouge) ✗ Totalement absent
Gabarit 1,60 m × 0,80 m 1,90 m × 2,50-3,00 m
Pente régulière ✓ Obligatoire ✗ Paliers horizontaux
Calcaire local ✓ Standard ✗ Importé de 80 km
Fonction hydraulique ✓ Évidente ✗ Exclue

Le rapport Bernot est formel :

« L’absence de mortier de tuileau ne permet pas d’apparenter ce réseau à un ouvrage hydraulique ».

Comparaison avec les Sarrasinières

Les Sarrasinières présentent des caractéristiques architecturales distinctes qui interrogent sur leur lien réel avec les arêtes de poisson.

Architecture comparée

Les Sarrasinières (d’après Estelle Forbach et rapports Gaillot/Silvino) :

Caractéristique Sarrasinières Arêtes de Poisson
Configuration Double galerie parallèle Galerie unique avec ramifications
Largeur (chaque voie) 2,00 m 1,90 m
Hauteur 2,76 m 2,50-3,00 m
Séparation Mur central entre les 2 voies Pas de mur central
Retraites À distance régulière Absentes
Orientation Parallèle au Rhône (N-S) Perpendiculaire à la pente (E-O)

Similitudes troublantes :

  1. Gabarit comparable : Hauteur et largeur similaires permettant circulation debout

  2. Absence de tuileau : Aucun enduit hydraulique dans les deux cas

  3. Maçonnerie soignée : Qualité de construction équivalente

  4. Datation C14 : Époque antique confirmée pour les deux réseaux

  5. Calcaire à entroques : Même matériau dans les deux ouvrages

Le témoignage d’A. Flachéron (1840)

A. Flachéron, dans sa description précise de 1840, évoque les Sarrasinières :

« À 100 mètres environ au-dessus du four-à-chaux, on aperçoit, au pied de l’escarpement, un chemin couvert à double voie. Le piédroit de la première galerie, du côté du Rhône, est détruit, et il ne reste de cette galerie que le tiers de la voûte en encorbellement. Contre la balme, la voie parallèle est bien conservée sur une longueur de quarante pas en amont et en aval d’une ouverture de 90 centimètres pratiquée à dessein dans la voûte ».

Cette description des soupiraux (ouvertures de ventilation) est particulièrement intéressante car absente des arêtes de poisson.

Vestiges découverts Place Chazette : la connexion physique

La fouille de 2012 place Chazette, dirigée par Cyrille Ducourthial, a mis au jour des éléments cruciaux établissant un lien physique entre les arêtes de poisson et le Rhône.

Les Découvertes de 2012

Vestiges observés (rapport Ducourthial 2012) :

Vestige Description Altitude NGF Interprétation
Massif de maçonnerie Moellons de gneiss dans mortier jaune Variable Possible voûte
Regard zénithal Ouverture débouchant sur un vide Accès ou ventilation
Bloc de calcaire 80×110×80 cm, calcaire blanc Élément monumental
Deux murs E-O Dont un avec calcaire à entroques Connexion aux arêtes

Le rapport précise :

« Tout à fait au sud de la tranchée, deux murs orientés est-ouest ont été mis au jour. Le plus méridional des deux possédait une face enduite, était formé d’une maçonnerie hétérogène de gneiss et de galets et de plusieurs moellons de ce calcaire rouge à grosses entroques que l’on ne rencontre à Lyon nulle part ailleurs que dans le réseau souterrain en ‘arêtes de poisson’, dont le débouché oriental se situe précisément à l’aplomb de ce mur ».

Cette découverte établit formellement que les arêtes de poisson débouchaient effectivement sur le Rhône à cet emplacement.

Les hypothèses fonctionnelles : analyse critique exhaustive

Plusieurs scénarios demeurent plausibles : réserves et circulations associées à un pôle de commandement (stockage compartimenté, liaison Rhône-colline), dépôts liés aux institutions de Lugdunum (sanctuaire fédéral, ateliers), installations portuaires (salles voûtées en façade fluviale), ou voie souterraine (cas des Sarrasinières en double voie). L’hypothèse moderne liée à la citadelle Saint-Sébastien est écartée par la chronologie.

  • Stockage compartimenté + liaison Rhône/plateau.
  • Dépôts institutionnels à valeur stratégique.
  • Aménagements portuaires de berge (salles, trémies).
  • Voie couverte (double galerie, soupiraux).

Hypothèse 1 : stockage militaire (citadelle Saint-Sébastien) – XVIe Siècle

C’est l’hypothèse initiale proposée par Emmanuel Bernot et le SAVL dans leur rapport de 2008, avant les résultats des datations C14.

Argumentation complète

Contexte historique :

La citadelle Saint-Sébastien fut construite en 1564 sur ordre du roi Charles IX, dans un contexte de tensions religieuses entre catholiques et protestants. Lyon, ville stratégique, devait être protégée.

Architecture de la citadelle (d’après archives) :

  • Emplacement : Sommet du plateau de la Croix-Rousse

  • Forme : Fortification bastionnée moderne

  • Orientation : Parallèle au réseau souterrain

  • Durée d’utilisation : 21 ans seulement (1564-1585)

  • Démantèlement : 1585, à la demande et aux frais de la ville

Fonction proposée pour les galeries :

Le rapport Bernot détaille :

« Pris dans sa globalité, le réseau s’articule autour d’une galerie principale qui mettait en communication la citadelle Saint-Sébastien et le Rhône. Cette galerie de circulation aurait eu deux fonctions : permettre d’accéder à la forteresse à l’insu de la population lyonnaise contre laquelle elle était tournée, d’une part ; et desservir, par l’intermédiaire de puits, deux zones de stockage développées à un niveau supérieur : les arêtes de poisson stricto sensu et les salles de la partie nord du réseau ».

Ce qui serait stocké :

  • Vivres (grains, viandes séchées, vin)

  • Munitions (poudre à canon)

  • Armement léger à l’usage des troupes

  • Matériel militaire divers

Avantages de cette hypothèse :

  1. Explication de l’ampleur des travaux (commanditaire royal)

  2. Justification du secret (contexte militaire)

  3. Fonction de stockage cohérente avec l’architecture

  4. Galerie de liaison Rhône-citadelle logique

Points faibles majeurs :

Emmanuel Bernot reconnaît lui-même les limites :

« Les multiples paliers imposés par le dénivelé de plus de 70 m qui séparait le Rhône de la citadelle rendaient la circulation intérieure très incommode, surtout dans l’obscurité. Ces difficultés restreignaient l’usage des magasins au stockage de matériel de peu de poids et de faible volume : vivres, munitions et armement léger à l’usage des troupes de la citadelle ».

Problème chronologique majeur :

Les recherches historiques ont établi un fait troublant : la garnison de la citadelle ignorait totalement l’existence du réseau. La preuve en est donnée par les événements de 1585 :

« Il n’existe en réalité aucun lien entre les deux ouvrages. La garnison de la citadelle ignorait même l’existence du réseau, ce qui permit au capitaine des arquebusiers de la ville de prendre la forteresse par surprise en 1585, en passant ‘par une ancienne caverne que peu de gens savoient' ».

Verdict des datations C14 :

Les résultats au carbone 14 (changement d’ère, voire IIIe-IVe siècle av. J.-C.) invalident complètement cette hypothèse. Le réseau a été construit 1500 à 1800 ans AVANT la citadelle.

Hypothèse 2 : le sanctuaire fédéral des trois Gaules (hypothèse de Djamila Fellague)

En juillet-août 2017, Djamila Fellague publie dans la revue Archologia n°556 une hypothèse révolutionnaire qui replace les arêtes de poisson dans le contexte de Lugdunum, « seconde capitale du monde occidental ».

Lugdunum : un statut exceptionnel

Djamila Fellague rappelle le statut unique de Lyon à l’époque antique :

« Ces souterrains sont des ouvrages hors du commun, donc ils pourraient répondre à des caractéristiques exceptionnelles du site de Lyon à l’époque antique. Lugdunum faisait office de ‘seconde capitale du monde occidental’ selon une expression de P. Wuilleumier en 1948 ».

Les fonctions impériales de Lugdunum :

Institution Description Importance
Atelier monétaire impérial Un des plus grands de l’Occident romain Production massive de monnaie
Administrations impériales Siège de plusieurs administrations des Trois Gaules Fiscalité, finances
Cohorte urbaine Qualifiée « ad monetam » (protection de la Monnaie) Sécurité militaire
Sanctuaire fédéral Autel des Trois Gaules dédié en 12 ou 10 av. J.-C. Centre religieux et politique

La localisation du sanctuaire : un mystère

Djamila Fellague soulève une question cruciale :

« Le sanctuaire fédéral des Trois Gaules, dont l’autel fut dédié en 12 ou 10 av. J.-C., était situé quelque part à la Croix-Rousse ».

Or, la localisation exacte de ce sanctuaire majeur reste inconnue. Les fouilles archéologiques menées sur le plateau de la Croix-Rousse n’ont jamais permis de le localiser précisément.

L’hypothèse des dépôts sacrés

Djamila Fellague propose une interprétation audacieuse :

« La question posée dans l’article est de savoir s’il pourrait y avoir un lien entre les souterrains qui comportent des salles dont on imagine une fonction de stockage et des dépôts surveillés dont les textes et les inscriptions laissent entrevoir l’existence à Lyon ».

Fonction proposée :

Les arêtes de poisson auraient pu servir à stocker les offrandes, les trésors et le matériel liturgique du sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Les 60 tribus gauloises qui participaient aux cérémonies annuelles apportaient des offrandes considérables.

Arguments en faveur :

  1. Architecture de stockage : Les 32 arêtes + 9 salles = 41 espaces de stockage distincts

  2. Sécurité maximale : Enfouissement à 25 mètres sous terre

  3. Connexion au Rhône : Approvisionnement par voie fluviale

  4. Datation concordante : Époque augustéenne (fondation du sanctuaire)

  5. Ampleur des travaux : Seul un commanditaire impérial pouvait mobiliser de tels moyens

Points faibles :

  1. Absence de mobilier cultuel : Aucun objet votif, aucune inscription religieuse trouvés

  2. Architecture profane : Rien n’évoque un sanctuaire dans l’architecture

  3. Accès complexe : 70 mètres de dénivelé peu pratiques pour un usage cultuel régulier

Hypothèse 3 : installations portuaires et commerciales

Tony Silvino, dans son rapport de 2019 sur les Sarrasinières de Neyron, développe une hypothèse portuaire particulièrement convaincante pour expliquer certaines structures.

Architecture portuaire à Neyron

L’analyse de la Portion 1 (salle voûtée) et de la Portion 2 (galerie + mur F9) à Neyron révèle des caractéristiques d’installations portuaires :

Configuration de la Portion 1 :

Élément Caractéristique Fonction Proposée
Salle souterraine Grande capacité Zone de stockage marchandises
3 voûtes clavées Ouvertes vers le Rhône Passage/transfert de marchandises
Mur de façade puissant Très épais Mur-digue + support déchargement
Négatif sur parement Trace d’activité Témoin manutention
Proximité Rhône Immédiate Accès direct au fleuve

Tony Silvino écrit :

« La salle voûtée souterraine, observée partiellement lors de cette opération mais bien décrite dans la documentation ancienne, pourrait servir ainsi de zone de stockage. Les trois voûtes clavées ouvertes en direction du fleuve, peuvent non seulement servir pour l’aération et l’éclairage de la salle sous-jacente, mais aussi pour le passage des marchandises ».

Extension à Lyon : un port souterrain ?

Cette hypothèse pourrait-elle s’appliquer aux arêtes de poisson de Lyon ? Plusieurs éléments plaident en ce sens :

Arguments favorables :

  1. Connexion directe au Rhône : Attestée par les fouilles place Chazette

  2. Architecture de stockage : 32 arêtes = 32 entrepôts distincts

  3. Compartimentage : Séparation par puits permettant gestion indépendante

  4. Sécurité maximale : Protection contre incendies et pillages

  5. Température stable : Conservation optimale des denrées

Le témoignage de Silvino sur les dimensions :

« Les dimensions de chaque portion découverte (1,90 m de hauteur pour une largeur quasi équivalente) conviennent parfaitement pour une circulation piétonne ».

Objection majeure :

Le dénivelé de 70 mètres entre le Rhône et le sommet pose un problème logistique considérable pour le transport de marchandises lourdes. Comme le note Emmanuel Bernot :

« Même dotés d’emmarchements et d’échelles de bois, les multiples paliers imposés par le dénivelé de plus de 70 m rendaient la circulation intérieure très incommode ».

Hypothèse 4 : voie souterraine (hypothèse Sarrasinières)

Pour les Sarrasinières, Tony Silvino privilégie l’hypothèse d’une voie souterraine plutôt qu’un aqueduc.

Arguments tchniques contre l’Aqueduc

Stéphane Gaillot, dans son rapport de 2018 sur Rillieux-la-Pape, est formel :

« L’absence de mortier de tuileau suggère qu’il ne s’agissait pas d’un aqueduc, en tous cas pas d’un aqueduc antique tel que ceux qui alimentaient Lyon ».

Tony Silvino ajoute dans son rapport de 2019 :

« Si cet ouvrage est bien d’origine antique, il est très étonnant que les techniques et les modes de construction observés sur les monuments hydrauliques romains ne soient pas visibles sur les sections des Sarrasinières ».

Analyse altimétrique :

Le pendage observé contredit la fonction hydraulique :

Section Altitude NGF Sol Pendage Interprétation
Portion 1 Neyron 170,75 m Amont → Remonte vers l’amont
Portion 2 Neyron 171,10-170,80 m ↓ Régulier Descend vers Lyon
Rillieux-la-Pape 169-169,50 m ↓ Continue Suite logique

« La lecture des cotes altimétriques va à l’encontre de cette hypothèse puisqu’un pendage de l’aval vers l’amont est visible depuis le sol de la salle souterraine de la portion 1 jusqu’à celui de la galerie de la portion 2 ».

Configuration pour une voie de circulation

Caractéristiques adaptées (Silvino 2019) :

Élément Dimension Fonction
Hauteur galerie 1,90 m Circulation debout
Largeur 1,90 m Passage confortable
Double voie (Sarrasinières) 2 galeries parallèles Circulation bidirectionnelle
Soupiraux réguliers Tous les 40-50 m Lumière + ventilation
Mur séparateur Entre les 2 voies Séparation des flux

Silvino cite la description d’A. Flachéron (1840) :

« À 100 mètres environ au-dessus du four-à-chaux, on aperçoit, au pied de l’escarpement, un chemin couvert à double voie (…) Des soupiraux étaient indispensables pour donner du jour et renouveler l’air ».

Fonction de la double galerie :

« S’il faut sans doute écarter l’idée d’une voie à double sens de circulation, la seconde galerie pourrait davantage constituer une voie de ‘secours’ en cas d’inondation ou d’embourbement de la première qui est la plus proche du Rhône ».

Hypothèse 5 : les théories ésotériques (critique scientifique)

Djamila Fellague consacre une partie de son article de 2017 aux interprétations non scientifiques qui ont fleuri autour des arêtes de poisson.

Le Film « Les Souterrains du Temps » (2015)

Le film réalisé en 2015 par G. Combe, d’après l’ouvrage de W. Nazim, propose une lecture ésotérique que Djamila Fellague critique vivement :

« Le film ‘Les Souterrains du Temps’ oriente vers des interprétations invraisemblables. Se mêlent des considérations éparses sur la Pythie de Delphes, le Graal, le temple de Jérusalem, l’ordre du Temple, les francs-maçons, la symbolique des nombres, le chamanisme, l’éther des alchimistes, une géométrie sacrée, une pseudo archéo-astronomie ».

Le « Chant de la Terre »

L’interprétation mystique proposée dans le film :

« La préférence du réalisateur se porte vers un songe musical et mystique avec des processions des délégués des Trois Gaules dans les souterrains, qui font résonner le ‘chant de la Terre’. Le chant de la Terre, capté par les arêtes, aurait été repris par les délégués des soixante tribus gauloises et porté jusqu’au sommet de la colline, dans le cœur du sanctuaire ».

Un entrepôt de stockage du trésor des Templiers

Selon cette théorie, que l’on retrouve notamment dans le livre de Walid Nazim, les arêtes de poisson auraient été construites au septième siècle. A l’origine les arêtes de poisson se seraient étendues jusqu’à Miribel via les Sarrazinières pour déboucher sur les terres de Sire Guillaume de Beaujeu. Sire Guillaume de Beaujeu est le dernier grand maître des templiers connu et vécu au XIIe siècle. Les terres de Miribel et de la Croix Rousse deviennent propriété de la famille de Beaujeu lorsqu’en 1218, l’oncle de Sire Guillaume de Beaujeu épouse Marguerite de Baugé, héritière et descendante des comtes de Chalon.

La véritable énigme des arêtes de poisson enigme 13

Les Templiers avaient pour mission la création de cathédrales, de routes, etc. Ils ont en autre créé le temple de Salomon. Lors des croisades, les Templiers auraient amassé de nombreuses richesses qui n’auraient jamais été découvertes. Ces découvertes auraient été ramenées en occident par Sire Guillaume de Beaujeu.

C’est là qu’entrent en action les arêtes de poisson. Si la paternité des arêtes peut être attribuée aux Templiers c’est que des ouvrages similaires et surtout similaires au réseau des Fantasques et aux Sarazinières, attribués aux Templiers, ont été découverts en Orient ; des galeries strictement parallèles côte à côte.

Souterrain des Arêtes de Poisson Les Sarrazinieres

 

Position scientifique de Djamila Fellague

Djamila Fellague adopte une position mesurée mais ferme :

« Chacun à Lyon propose des interprétations dans des conférences ou sur internet. Ces souterrains illustrent ce qu’est le patrimoine : un bien commun que l’on se réapproprie en toute liberté, et c’est fort heureux. Chacun est libre de croire, mais le public doit être conscient que ces interprétations ne sont pas du domaine de l’archéologie ».

Elle ajoute cette remarque importante :

« À partir du moment où les souterrains ont commencé à être connus du grand public grâce à ces conférences, une imagination s’est mise en branle, d’autant plus importante qu’il n’y avait pas d’autre théorie en face et que personne n’a critiqué ces théories ésotériques ».

Synthèse des hypothèses : tableau comparatif

Hypothèse Datation Commanditaire Points Forts Points Faibles Verdict
Stockage militaire (Citadelle) XVIe s. Charles IX Architecture stockage, parallélisme citadelle C14 invalide, garnison ignorait réseau ✗ Réfutée
Sanctuaire Trois Gaules Ier s. av./ap. J.-C. Empire romain Moyens titanesques, datation OK, contexte Lugdunum Pas de mobilier cultuel, accès complexe ⚠️ Possible
Installation portuaire Antique Autorité locale/impériale Architecture adaptée, connexion Rhône Dénivelé problématique ⚠️ Possible
Voie souterraine Antique Autorité publique Dimensions adaptées, double voie Sarrasinières Pourquoi souterrain ? Coût démesuré ⚠️ Possible
Théories ésotériques Variable Templiers/autres Imagination fertile Aucun fondement scientifique ✗ Rejetée

Contexte géologique et topographique : contraintes de construction

Le versant de la Balme Saint-Clair cumule colluvions, formations sableuses/argileuses et affleurements du socle cristallin. Le réseau adopte une profondeur quasi constante par paliers et contourne les points durs (granite), tandis que l’encaissant alluvionnaire impose des contraintes (fissuration, tassements, cônes d’éboulement) et des concrétionnements.

  • Profondeur moyenne 20–25 m sous surface.
  • Contournement d’affleurements granitiques par coudes.
  • Pathologies : fissures de clef, effondrements d’extrémités.

Le versant de la balme Saint-Clair

Le réseau est établi dans un contexte géologique complexe qui a déterminé les choix de construction.

Topographie Générale

Situation (d’après rapport Bernot 2008) :

Paramètre Valeur Description
Point haut 250 m NGF Plateau de la Croix-Rousse
Point bas 170 m NGF Plaine alluviale du Rhône
Dénivelé total 80 mètres Sur moins de 500 m horizontaux
Pente moyenne 16% Versant très pentu
Orientation Est-Ouest Du fleuve vers le plateau

Le rapport précise :

« Le réseau est établi dans le versant reliant, à l’ouest le plateau de la Croix-Rousse (250 mètres d’altitude), et à l’est la plaine alluviale du Rhône. L’originalité de ce versant, dit de la Balme Saint-Clair et haut de 80 mètres environ, tient à l’hétérogénéité des formations qui le constituent ».

Stratigraphie géologique

Succession des formations (du sommet vers la base) :

  1. Remblais et colluvions : Épaisseur très variable, anthropique récent

  2. Till bloco-argileux sableux : Dépôts glaciaires quaternaires

  3. Formations à dominante argileuse : Sur sables à bancs grésifiés

  4. Socle cristallin : Granites et gneiss jusqu’à 180 m d’altitude

  5. Alluvions du Rhône : En bas de versant, interstratifiées

Stéphane Gaillot, géomorphologue, note dans son rapport de 2018 :

« L’ouvrage est bâti sur un substrat alluvionnaire instable, ce qui explique les contraintes mécaniques que subit le bâti et la menace d’effondrement définitif qui pèse sur lui ».

Les contraintes géotechniques

Instabilité du terrain

Les rapports archéologiques documentent précisément les déformations structurelles du réseau.

Pathologies observées (Gaillot 2018) :

Pathologie Localisation Cause Conséquence
Fissure longitudinale Voûte UC7, toute la longueur Tassement différentiel Largeur 0,5 à 3 cm
Enfoncement piédroit N Côté versant Poussée du versant Déformation de la voûte
Effondrement Est Extrémité orientale Éboulement terrains Cône 4 m de long
Effondrement Ouest Derrière mur UC8 Colluvionnement Comblement partiel

Le rapport Gaillot précise :

« La voûte UC 7 est fissurée sur toute sa longueur. La fissure est large d’entre 0,5 à 3 cm, et affecte soit l’axe soit la partie nord de la clef de voûte. À l’extrémité est de la galerie, la voûte UC 7 et le piédroit sud UC 5 sont effondrés ».

Colluvionnement et surcharge

Le versant subit un colluvionnement actif qui menace la stabilité du réseau :

« Ces contraintes sont liées au colluvionnement qui ‘surcharge’ le sommet de la galerie et à ce que l’ouvrage soit bâti sur un substrat alluvionnaire instable ».

Composition des colluvions (analyse Gaillot) :

  • Cailloutis de gros galets (5-15 cm)

  • Matrice sablo-graveleuse beigeâtre

  • Origine : Érosion du versant sus-jacent

  • Épaisseur au-dessus des galeries : 1,5 à 3 mètres

Les adaptations architecturales

Système de paliers horizontaux

Face à la pente naturelle de 16%, les constructeurs ont opté pour un système ingénieux de paliers :

Principe (Dessaint 2009) :

« Les antennes se composent d’une succession de tronçons horizontaux disposés en paliers, permettant de suivre la pente ascendante de la colline à une profondeur constante par rapport à la surface. Ces tronçons sont connectés les uns aux autres par des puits ».

Avantages du système :

  1. Profondeur constante sous la surface (20-25 m)

  2. Évitement du socle rocheux

  3. Facilitation de l’excavation (sables meubles)

  4. Meilleure stabilité structurelle

Contournement du socle granitique

Les trois coudes de la colonne vertébrale correspondent à des contraintes géologiques :

« Les trois coudes successifs formés par le réseau des galeries en arêtes de poisson pourraient résulter d’une contrainte géologique. En 2011, lors du percement du second tunnel de la Croix-Rousse, le socle rocheux a été observé sous le coude le plus occidental ».

Choix technique : Plutôt que de creuser le granite (résistance mécanique très élevée), les bâtisseurs ont contourné les affleurements rocheux en déviant le tracé.

L’entretien et la conservation actuelle

Après 1930, une surveillance systématique des vides est organisée, complétée par des consolidations au gabarit (bétonnage, radier drainé). Une partie du réseau proche du Rhône est ennoyée depuis la surélévation du plan d’eau. Les accès sont réglementairement condamnés et l’ouverture au public exigerait des travaux lourds (sécurisation des puits, ventilation, évacuation, éclairage, ERP).

  • Condamnation des accès non sécurisés et suivi des fontis.
  • Confortements ciblés et documentation topographique.
  • Zone ennoyée en extrémité orientale.

La commission des balmes : historique et mission

Créée au lendemain de la catastrophe de Fourvière en 1930, la Commission des Balmes a évolué pour devenir un service spécialisé.

Organisation Actuelle

Structure administrative (d’après Estelle Forbach) :

Organisme Mission Moyens
Unité Galeries ETG Direction de l’Eau du Grand Lyon Équipe dédiée plein temps
Surveillance Inspection régulière des galeries Campagnes systématiques
Entretien Consolidation des maçonneries Interventions ponctuelles
Gestion des découvertes Nouvelles galeries trouvées chaque année Chantiers d’urgence

Estelle Forbach précise :

« De nos jours, c’est l’Unité Galeries ETG de la direction de l’eau qui s’occupe à plein temps des galeries souterraines, pour leur surveillance, leur entretien, et pour la gestion des chantiers mis en place à la suite de découvertes de nouvelles galeries ».

Le statut juridique particulier : Res Nullius

Les galeries lyonnaises ont un statut juridique unique qui complique leur gestion :

« Les galeries lyonnaises ont un statut assez particulier puisqu’elles passent alternativement sous des lieux publics et des lieux privés sans que les propriétaires des terrains ne soient conscients de leur présence ».

Décision judiciaire de 1971 :

Un arrêt de 1971 a confirmé que les galeries n’appartiennent pas à la ville de Lyon :

« En 1971, après qu’un procès ait été intenté contre la municipalité suite à des dommages sur des habitations, un arrêt a confirmé que les galeries n’appartenaient pas à la ville de Lyon qui n’a donc aucune obligation d’y intervenir. Il s’agit en réalité de Res nullius ; elles n’appartiennent à personne ».

Paradoxe administratif :

Malgré cette absence de légitimité juridique, la ville de Lyon puis le Grand Lyon ont accepté d’assurer la surveillance et l’entretien :

« Heureusement, la ville de Lyon, puis la communauté urbaine de Lyon, ont tout de même été chargées de la surveillance préventive des terrains et de l’entretien de l’ensemble des galeries, malgré une légitimité douteuse puisque les propriétaires du sol ne donnent pas leur accord ».

Méthodes de détection et d’intervention

Détection des nouvelles galeries

Deux méthodes principales (Estelle Forbach) :

  1. Sondages réglementaires :

    • Obligatoires pour tout permis de construire en zone à risque

    • Réalisés par forages profonds

    • Cartographie systématique

  2. Détection par fontis :

    • Affaissements en forme d’entonnoir

    • Diamètre : quelques dizaines de centimètres

    • Preuve d’existence de vides souterrains

Le rapport précise :

« De nouvelles galeries sont découvertes chaque année. Elles peuvent l’être grâce aux sondages rendus obligatoires pour toute obtention de permis de construire sur les zones à risques. Mais elles le sont également après détection de fontis ».

Protocole d’intervention

Procédure standard (d’après Estelle Forbach) :

Étape Action Objectif
1. Détection Sondage ou fontis Localisation
2. Creusement puits Accès vertical artificiel Jonction avec galerie
3. Exploration Inspection complète État des lieux
4. Consolidation Bétonnage après mise au gabarit Sécurisation
5. Topographie Levé complet au géomètre Documentation

Gabarit standard de consolidation :

  • Largeur : 1,20 mètre

  • Hauteur : 1,90 mètre

  • Matériau : Béton armé

  • Radier : Bétonnage avec rigole de drainage

L’état actuel du réseau des Arêtes de Poisson

Zone ennoyée

Une partie significative du réseau est aujourd’hui inaccessible par ennoyage :

« Au-delà du puits le plus oriental, le réseau se prolonge vers le Rhône par une galerie qui semble se diviser en deux rameaux que traverse de part en part un long boyau parallèle à la berge. Son extrémité orientale, proche du fleuve, est ennoyée par les eaux de la nappe phratique alluviale, depuis que le niveau du Rhône a été artificiellement surélevé dans les années 1960 par la construction d’un barrage ».

Conséquences de l’ennoyage :

  • Impossibilité d’explorer la connexion exacte au Rhône

  • Risque accru d’instabilité des maçonneries

  • Perte d’informations archéologiques

Zones consolidées vs zones originelles

Bilan des consolidations (rapport Bernot 2008) :

Période Travaux Longueur Traitée
1959-1968 Déblaiement + bétonnage massif Plusieurs centaines de mètres
1970-1990 Interventions ponctuelles Zones fragilisées
2008-2011 Confortement tunnel Croix-Rousse Galeries menacées

Les archéologues ont dû distinguer lors de l’étude de 2008 :

  • Maçonneries originelles : Calcaire à entroques, mortier jaune

  • Consolidations années 1960 : Béton gris, coffrages métalliques

  • Restaurations récentes : Béton moderne, aspect lisse

Peut-on visiter les Arêtes de Poisson ? État des lieux 2025

L’accès public reste interdit pour raisons de sécurité (stabilité, puits, atmosphère confinée). Des accès encadrés ont existé pour des besoins d’étude et de presse, mais la visite régulière supposerait une mise aux normes coûteuse et une capacité limitée, avec suivi patrimonial fin des maçonneries.

  • Interdiction municipale de visiter les arêtes de poisson toujours en vigueur.
  • Ouvertures ponctuelles encadrées (diagnostics, médias).
  • Conditions d’ouverture : lourds investissements et quotas.

L’interdiction officielle de 1989

Depuis 1989, un arrêté municipal interdit formellement l’accès des galeries au public pour des raisons de sécurité.

Motifs de l’interdiction :

  1. Risques d’effondrement (fissuration des voûtes)

  2. Danger de chutes (puits verticaux non sécurisés)

  3. Atmosphère confinée (manque d’oxygène possible)

  4. Dégradations du patrimoine (tags, vandalisme)

Mon Poisson d’Avril mémorable de 2017

Le 1er avril 2017, j’ai annoncé sur mon site souterrain-lyon.com annonce une fausse ouverture au public qui va créer un véritable buzz :

« Le 1er avril 2017, le site souterrain-lyon.com a annoncé l’ouverture prochaine des arêtes de poisson à la visite, avec réservation sur le site de l’Office du tourisme du Grand Lyon à partir du 12 juin, et les premières visites le 3 juillet 2017 ».

Conséquences :

  • Relais massif par Le Progrès et Lyon Capitale

  • Centaines de tentatives de réservation

  • Déception générale lors de la révélation du canular

  • Démonstration de l’intérêt du public pour ce patrimoine

L’accès clandestin : les cataphiles

Malgré l’interdiction, le réseau continue d’attirer les explorateurs urbains.

Témoignage Lyon Capitale 2003 :

« La descente dans les sous-sols se fait par une simple plaque d’égout, située rue Bodin. L’une des rares entrées encore accessibles et souvent empruntées par les cataphiles. Le soir, forcément, pour éviter d’être pris en flag ».

Ce que les cataphiles y trouvent (d’après reportage) :

  • La « salle des skins » (ancienne occupation)

  • De nombreux tags et graffitis récents

  • Une boîte aux lettres pour communication entre explorateurs

  • Des sculptures dans le sable

  • Des traces de bivouacs

Situation actuelle (2025) :

  • La grande majorité des accès sont désormais condamnés

  • Les plaques d’égout sont soudées, bétonnées ou recouverte par le bitume

  • Surveillance renforcée par la métropole du Grand Lyon

  • Risque de poursuites pour intrusion

Perspectives d’ouverture future ?

Le modèle de Collonges-au-Mont-d’Or

Estelle Forbach cite en exemple une commune voisine qui a valorisé son patrimoine souterrain :

« Consciente de la valeur de ce qu’elle détient, la commune de Collonges-au-Mont-d’Or, traversée par un aqueduc romain et des souterrains de captage, a mis en place un parcours pédestre thématique sur le thème de l’eau. D’un peu plus de 4 kilomètres, ce parcours fait passer le promeneur devant citernes, lavoirs, galeries et aqueducs, et à chaque point notable se trouve un panneau explicatif ».

Les obstacles à l’ouverture des Arêtes de Poisson

Contraintes techniques :

  1. Mise en sécurité des voûtes fissurées (coût estimé : plusieurs millions €)

  2. Sécurisation des puits verticaux

  3. Installation éclairage + ventilation

  4. Aménagement d’accès handicapés (impossible ?)

  5. Système d’évacuation d’urgence

Contraintes réglementaires :

  1. ERP (Établissement Recevant du Public) : normes drastiques

  2. Assurances responsabilité civile

  3. Formation de guides spécialisés

  4. Contrôles de sécurité permanents

Contraintes patrimoniales :

  1. Protection des maçonneries antiques fragiles

  2. Préservation des graffitis historiques

  3. Limitation du nombre de visiteurs

  4. Suivi scientifique des impacts

Conclusion : un mystère qui perdure

Plus de 2000 ans après leur construction, les arêtes de poisson de Lyon continuent de défier notre compréhension. Ce réseau titanesque de 2 kilomètres de galeries, enfoui à 25 mètres sous la Croix-Rousse, représente l’un des ouvrages souterrains les plus énigmatiques d’Europe.

Ce que nous savons avec certitude :

✓ Architecture unique : 32 arêtes + 16 puits + 9 salles = un ensemble sans équivalent connu

✓ Datation antique : Le carbone 14 place la construction au changement d’ère (±0) voire au IIIe-IVe siècle av. J.-C.

✓ Construction planifiée : L’homogénéité parfaite prouve une réalisation en un seul tenant

✓ Chantier colossal : Plus de 11 500 m³ excavés, pierre importée de 80 km

✓ Jamais vraiment utilisé : Absence de traces d’utilisation intensive

Ce qui reste mystérieux :

Fonction précise : Stockage ? Installation portuaire ? Sanctuaire ? Voie souterraine ?

Commanditaire : Autorité impériale ? Pouvoir local ? Organisation religieuse ?

Raison de l’abandon : Pourquoi un tel ouvrage n’a-t-il jamais servi ?

Lien avec les Sarrasinières : Réseau unique ou ensemble connecté de 25 km ?

Disparition documentaire : Comment un chantier titanesque a-t-il pu passer inaperçu ?

Emmanuel Bernot conclut son rapport de 2008 par ces mots qui restent d’actualité :

« L’ensemble du réseau souterrain formé par les arêtes de poisson et son extension nord fut édifié d’un seul tenant. Toutefois, ce chantier semble avoir été brutalement stoppé sans être en tout point achevé. Enfin, ces galeries ne semblent jamais avoir réellement servi ».

Ce patrimoine souterrain exceptionnel mériterait une valorisation à la hauteur de son importance historique. En attendant qu’une ouverture au public devienne possible, cet article constitue la documentation la plus exhaustive jamais réalisée sur les arêtes de poisson de Lyon.


Sources principales :

  • Bernot E., Ducourthial C., Dessaint Ph. (2008) : Rapport de diagnostic archéologique – Le réseau souterrain des « arêtes de poisson », SAVL

  • Fellague D. (2017) : « Les souterrains dits ‘en arêtes de poisson’ à Lyon », Archologia n°556

  • Gaillot S. (2018) : Les Sarrasinières, Rapport de sondage, SAVL

  • Silvino T. (2019) : Neyron, Les Sarrasinières, Rapport final d’opération, Éveha

  • Dessaint Ph., Bernot E. (2009) : « Exemple d’application 3D en archéologie préventive », Virtual Retrospect

Commentaires

Le 3 avril 2013 à 17 h 39 min, j.reticule a dit :

suis un peu étonné de voir que les archéos ont défini une raison d'être située pour 1754, pour le stockage des armes, etc; en effet l'article d'archéologia N° 506, p. 50, indique que la datation qui a suivie l'exploration, donne une datation relevant du changement d'ère ! ! !
N'aurions-nous pas le même magazine ?

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Le 11 mai 2013 à 16 h 25 min, admin a dit :

Nous n'avions pas vu cet article ! merci pour l'info !

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Le 5 décembre 2013 à 18 h 29 min, Nautilus a dit :

Est ce que ces galeries sont ouvertes au public ? c'est un peu comme les catacombes parisiennes en quelque sorte.

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Le 7 décembre 2013 à 10 h 42 min, admin a dit :

Non Léa, ces souterrains ne sont pas ouverts au public

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Le 21 novembre 2014 à 16 h 55 min, TCJ a dit :

Autrefois "facile" d'accès pour ceux qui connaissaient les réseaux, maintenant la grande majorité (voir toutes ?) les entrées sont fermées..

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Le 24 mars 2015 à 10 h 30 min, Piaggi a dit :

BONJOUR?
EST CE TOUJOURS ACCESSIBLE ....?
MERCI

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Le 4 septembre 2015 à 20 h 24 min, Matever a dit :

Bonjour,

Ai je bien lu : " Les templies [...] Ils ont en autre créé le temple de Salomon"

Euh ... pour moi les templiers sont crées en 1129 et le temple de Salomon plusieurs siècle avant Jésus ...

Sinon, intéressant voire alléchant !!

Merci

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Le 4 octobre 2015 à 15 h 30 min, Francisco a dit :

Bonjour,

ça m'a interpellé aussi ! Les Templiers n'ont jamais construit le Temple de Salomon, celui-ci a même été détruit en 70 CE.

De plus la mission des Templiers n'était pas la construction des cathédrales, des routes, etc... mais la protection des pèlerins se rendant à Jérusalem et la participation aux batailles/croisades pour la libération de la Terre Sainte.

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Le 4 novembre 2015 à 18 h 58 min, MARTY a dit :

Je trouve ce lieu très intéressant cela me rappelle la pêche miraculeuse sur le lac de Tibériade ou Jésus rencontre Pierre qui vient de pécher 153 poissons...
Or 153 est la somme de 1 à 17 (1+2+3+....+17) = 153
Ce qui fait pencher pour un site chrétien ancien style catacombe dédié au poisson dont le nom ICTHUS était l'acronyme du christ sauveur attendu par les adeptes persécutés par les romains -or Lyon Lugdunum était une capitale romaine à l'époque avec l'amphithéâtre de Fourvière

Le double 17 = 17x2 = 34 rappelle les Templiers évoqués ci dessus

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Le 7 février 2016 à 14 h 20 min, flo a dit :

Depuis, des datations au carbone 14 placent la construction de ces galeries dans l'antiquité.

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Le 17 novembre 2022 à 14 h 30 min, Christophe Cros a dit :

Le problème est que cette datation antique se heurte à quelques arguments logiques. Par exemple le fait que les arêtes soient raccordées au double souterrain des Sarrazinières qui va jusqu'à Miribel. Qu'est ce que les Romains seraient allé faire là-bas ? Ou encore le fait que le type de mur qui soutient les galeries ne correspond pas à la technique romaine habituelle, même pas à celle des aqueducs souterrains.
Donc, si la datation au C14 doit effectivement être prise en compte elle ne clot par pour autant le débat. Le mystère demeure.

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Le 18 janvier 2017 à 14 h 29 min, Marc a dit :

Bonjour !

Petit message pour compléter ma demande via le formulaire de contact :)

Cataphile parisien, nouveau Lyonnais, j'habite le quartier, je fais de l'urbex dans les règles de l'art, et je te remercie beaucoup d'avance (j'ai des super plan des cata parisiennes à partager ;)

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Le 17 février 2017 à 17 h 01 min, DE CARVALHO Paulo a dit :

très intéressant

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Le 14 avril 2018 à 9 h 54 min, MrDabert a dit :

La théorie templière est complétement farfelue, mais permet de faire vivre son auteur...

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Le 17 novembre 2022 à 14 h 43 min, Christophe Cros a dit :

Les visites de surface à 30 euros c'est effectivement abuser mais la thèse médiévale ( ou templière) ne parait pas forcément insoutenable.

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Le 10 juillet 2018 à 1 h 54 min, Bertrand a dit :

Salut! Intéressant... N’est ce pas en relation avec le sanctuaire de jadis qui se trouvait non loin?

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Le 17 novembre 2022 à 14 h 46 min, Christophe Cros a dit :

C'est une des hypothèses avancées mais l'emplacement du sanctuaire gallo-romain des 3 Gaules n'est pas connu avec certitude.

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Le 10 juillet 2018 à 9 h 03 min, Dre a dit :

plus exactement au début de notre ère, le carbone 14 étant précis à un siècle près.
Voici une émission de france culture très intéressante.

franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-de-lyon-24-les-aretes-de-poisson-un-mystere-sous-la-croix-rousse-0

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Le 12 août 2018 à 17 h 22 min, Jean Luc Weil a dit :

Le dernier Grand-Maître de l'Ordre du Temple est Jacques de Molay qui est mort sur le bûcher au début du XIVème siècle et 1314. L'Ordre du Temple a commencé en 1118 et est devenu officiel en 1129, à la suite de la bulle du pape "Omne Datum Optimum".
Le trésor des templiers n'a encore jamais été retrouvé à ce jour, si tant est qu'il y en ait eu un. Il est accordé la possibilité que l'abbé Saulnière ai pu mettre la main dessus, ou sur une partie, vers Rennes-le-Château à la vue de sa richesses soudaine et illimitée.

En revanche, il y a une autre piste à exploiter...
Lyon était reconnue il y a fort longtemps et avant JC. comme la ville de la Lumière. C'est la raison pour laquelle elle a été baptisée Lugdunum, venant de Lug (lumière).
Qui plus est, il semble qu'elle soit située sur un nœud tellurique d'importance.
Il ne faut pas non plus omettre le fait que lors de l'expansion démographique des celtes du Nord vers le Sud, Bon nombre ce sont installés ici et se sont mêlés aux burgondes d'avec lesquelles ils étaient en totale affinité. Puis ils sont descendus jusqu'en terre de Canaan. Ces celtes là venaient du Nord de Britania, soit de nos jours l’Écosse.
Avec une autre expansion démographique qui s'est déroulée à la même période et qui a fait que les celtes de l'Europe centrale et de l'Europe de l'Est sont venus jusqu'en Irlande, ce peuple vraiment immense avait de très nombreuses connaissances très hautement spirituelles et savaient fort bien s'aligner sur les courants telluriques de notre planète, afin de se mettre en connexion avec le cosmos.
Cette expansion démographique s'est déroulée environ entre 1100 av. JC. et 250 av. JC.
Du reste, ils sont même descendus envahir l'Italie du Nord en faisant de Rome un vrai massacre, puis se sont fait avoir en retour peu après.
Il me semble qu'il serait une bonne idée de faire appelle à des géobiologues et des radiesthésistes afin de voir s'il est possible d'envisager une sorte d'antenne souterraine dans ce vestige chtonien.

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Le 17 novembre 2022 à 14 h 49 min, Christophe Cros a dit :

On a pas de site urbain lyonnais avant l'époque romaine. Les sites gaulois sont plutôt des villages et se trouvent quai St Vincent et à Vaise.

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Le 20 octobre 2018 à 20 h 05 min, Sephilandia a dit :

Bonjour, je ne suis ni pilleurs ni casseur, mais je cherche a acceder à ces souterrains, j'ai dejas fait plusieurs reperages. Je prend toute info, entrée scellé ou non je prend, merci à tous !

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Le 29 juillet 2021 à 18 h 01 min, Indianachronik a dit :

Bonjour, je suis lyonnaise depuis peu et fait déjà de l'urbex depuis quelques année quand on m'y embarque. Je m'intéresse fort aux arêtes de poisson et voudrais savoir si quelqu'un qui y est déjà allé pourrais m'y emmener ou du moins en discuter avec moi
Merci d'avance, en espérant que ma demande porte ces fruits :))

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Le 21 avril 2022 à 12 h 15 min, Jan a dit :

Je visite Lyon pour quelque jours et je voudrais visiter les arêtes. Je n'ai pas trouvé une entrance. On dit que "l'accès est interdit, mais certaines le font, bien que ce soit illégal."
Bonne chance avec ton recherche!

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Le 4 avril 2023 à 15 h 23 min, Thomas a dit :

Bonjour, cela fait bientôt deux ans que je me suis pris de passion pour l'urbex et j'adorerai faire plus de lieux Cata. Plus jeune j'étais au Lycée Saint Louis St Bruno à côté des Chartreux et je me souviens qu'on m'avait parlé d'anciens élèves qui auraient trouvés une entrée qui mène aux souterrains de notre ville. Je suis aussi passionné d'histoire depuis tout petit. Bref je reverrai de pouvoir visiter ces souterrains chargés d'histoire et dont j'ai tant entendu parlé. Je précise que je pratique bien évidement l'exploration urbaine avec respect des lieux et sécurité maximale ! Pour ce qui est de l'accès, seul mon ami avec qui je pratique, très habitué et respectueux lui aussi aura l'info et personne d'autre. Merci :)

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